Confiance en soi ou estime de soi ?


Dans la vallée ombragée de nos expressions singulières, il arrive souvent d'entendre " je n'ai pas confiance en moi ", alors que bien des fois il est sujet de ce que l'on nomme l'estime de soi.
Une question émerge, comment se repérer entre ces deux notions ?
Nous allons voir au fil de ces lignes le rapport entretenu par ces concepts, tout en permettant une ébauche de leur logique interne.

L'estime de soi est un savant mélange entre l'image de soi et le soi idéal

Avant de définir l'estime de soi, il est important de comprendre que c'est un ensemble constitué par deux parties :
- L'image de soi
- Le soi idéal
L'image de soi est à entendre comme la vision personnelle que l'on a de nous même, vision construite dans notre rapport à notre environnement premier (la famille), et de nos sensations. Elle répond ainsi à " comment je me perçois ? ".
Le soi idéal, quant à lui, est en  quelque sorte une représentation de nous même que l'on voudrait atteindre. Une représentation fantasmée, c'est-à-dire nourrie de l'imaginaire et scénarisée, permettant d'élaborer des attentes sur notre devenir. De manière rapide, on pourrait dire qu'elle s'exprime sous la forme suivante " Quelle pourrait être la meilleure version de moi-même, suivant mes valeurs ? ".
On se rend compte ici de l'existence d'un écart entre l'image de soi et le soi idéal. Distance se traduisant souvent sous le registre de la plainte, révélant le désir de la réduire pour correspondre au mieux à nos constructions imaginaires.

Comment définir l'estime de soi ? 

Si l'estime de soi est le résultat du couple "image de soi et idéal de soi", alors on pourrait la traduire comme une évaluation personnelle.
L'estime de soi est un indicateur de notre perception subjective, une auto-évaluation approximative (estimation) cherchant à accorder notre image et notre idéal.
En une phrase "Est-ce-que la représentation que j'ai de moi, s'accorde avec mes valeurs ?"
D'après J. Garneau, l'estime de soi serait dépendant de la fidélité que l'on porte à nos valeursRéussir dans tous les domaines de la vie quotidienne, mais en étant en contradiction avec nos valeurs internes (et apprises), ne serait pas le gage d'une bonne estime de soi.
Ceci explique qu'avoir une bonne estime de soi n'est pas le garant d'une réussite sociale.

Comment définir la confiance en soi ?

Concernant la confiance en soi, cet élément souvent pris comme élément perturbateur, elle concerne les capacités, les compétences. La sécurité de se savoir capable de pouvoir accomplir telle action, d'avoir les moyens physiques et techniques de la mettre en oeuvre. On comprend aisément qu'elle se construit avec l'expérience et la répétition.
Elle prend racine dans l'estime de soi, c'est-à-dire que le regard que l'on porte sur nous est le prémisse nécessaire à la future potentialisation de nos capacités de mise en action.

Où se situe la différence ? 

Il est notable de situer l'interdépendance qui se joue entre "l'estime de soi" et "la confiance en soi". L'un va avoir un effet sur l'autre, une perte d'évaluation de nos valeurs va entraîner une perte de la confiance en nos capacités. Ne plus arriver à faire un acte usuel va venir questionner l'estime de soi.
Malgré ce jeu de mouvement que l'on repère, on se rend compte que l'estime de soi est le socle de la confiance en soi. Pour pouvoir réaliser une action, pouvoir se projeter, il faut partir d'une base déjà intériorisée. Des assises solides vont nous permettre d'engager un mouvement, de trouver les ressources nécessaires pour faire face à une situation donnée.
Ainsi, la manière dont on se perçoit influe sur notre façon d'appréhender et d'avancer dans un contexte donné.

L'estime de soi est-elle figée ? 

On a vu que l'estime de soi repose à la fois sur un savant mélange et un équilibre fragile entre l'image de soi et le soi idéal. Pour intervenir à ce niveau, il est donc nécessaire de passer par ces deux voies.
Travailler le soi idéal reposerait sur le fait de s'accorder avec ses valeurs internes. Toutefois, son lien avec l'image de soi ne facilite pas le travail. Les valeurs sont le résultat de l'expérience de notre construction, c'est-à-dire au contact des autres et au long de notre vie.
De ce fait, l'image de soi se construit de ces tentatives d'identification aux modèles avancés.
Ainsi, il s'agirait de questionner les modèles pris en référence, tout en venant détoxifier la recherche d'ajustement aux valeurs qui ne sont au final que le fruit d'emprunt d'une subjectivité qui n'est pas celle du sujet.
Autrement dit, passer d'un regard extérieur et modeleur à un regard intérieur et constructeur.
Comme le dit J-P Sartre, avec l'art de sa prose, on reste au coeur de notre histoire.


Les points essentiels 

L'estime de soi repose sur les valeurs tandis que la confiance en soi repose sur  les capacités. L'un sur les ressentis et l'autre sur l'action. Ces deux notions, souvent confondus, amènent à interroger l'appropriation de notre histoire ainsi que la représentation interne que l'on se fait de nous-mêmes.
Estime de soi et confiance en soi ne sont pas figés (point important), un accompagnement éclairé permet de ne pas s'enfermer dans une forme de fatalité et ainsi de permettre de se situer en tant que sujet de son existence.